​Demande d’informations concernant l’absence de prise en compte des autistes dans les missions du Délégué Interministériel à l’Accessibilité

 

Le 28/01/2023

 

Mesdames

 

Nous vous prions de bien vouloir nous indiquer (ou, en cas de refus excluant usuel, au moins d’indiquer au public) :

 

En effet, le décret 2022-1578 (https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046751691) limite cette mission à l’accessibilité « physique » et « numérique » (dont téléphonique), or vous n’ignorez peut-être pas que les handicaps des personnes autistes confrontées à un système socio-administratif dépourvu de Prise En Compte Correcte de l’Autisme Partout (PECCAP) consistent d’abord en des difficultés en termes de « communication et relations sociales » (cf. les définitions usuelles de l’autisme et des « troubles » qui s’y rapportent, lesquelles souvent oublient même les questions sensorielles).

 

2. Pourquoi cet oubli (qu’on suppose non intentionnel), et pourquoi continuer à refuser la « consultation étroite » et la « participation active » de notre organisation de personnes handicapées parfaitement compétente en termes d’accessibilité pour les autistes, ce qui vous aurait permis d’éviter cette grave lacune, alors que nous ne cessons de vous demander poliment et patiemment de faire cesser cette exclusion, dont le caractère hautement préjudiciable aux personnes concernées est encore une fois illustré ici ?

2.1. Quels sont les motifs et justifications de tant d’exclusion, que nous vivons forcément comme méprisante et maltraitante même si ce n’est pas intentionnel ? Qu’avons-nous donc fait, au juste, pour mériter cela ?

2.2. Et pourquoi ne même pas daigner nous le faire savoir ?
L’exclusion doublée de mutisme, n’est-ce donc pas indécent et maltraitant ?
(https://allianceautiste.org/2022/12/tentative-d-analyse-de-l-exclusion-de-notre-association-et-de-celle-des-personnes-autistes-en-france/)

Le Chef de l’Etat donne l’exemple en parlant parfois des « gens qui ne sont rien », et comment pourrions-nous ne pas estimer, ainsi frappés par l’exclusion depuis des années, que nous sommes considérés comme des « moins que rien » ?
(Quand ce n’est pas encore pire, c’est à dire quand des directeurs d’autorités publiques vont jusqu’à nous reprocher hargneusement le caractère « particulièrement pénible » de nos demandes, en se vexant personnellement et en oubliant l’intérêt général de leur fonction, lequel commanderait pourtant de commencer par chercher à comprendre les motifs, puis par daigner s’apercevoir que c’est d’abord nous qui souffrons de toutes ces horreurs et brutalités inadmissibles) ?

 

Et dans ce cas, si les autistes sont encore oubliés (c’est à dire exclus) de cette nouvelle Délégation, qui alors s’occupe de l’accessibilité pour les autistes (évidemment nécessaire à leur inclusion), puisque la « Stratégie Nationale Autisme » reste muette à ce sujet (sauf à lire vos dénégations explicatives), et puisqu’il est impossible d’obtenir des informations à ce sujet de la part de la Délégation Interministérielle Autisme
(- https://allianceautiste.org/2023/01/disand-nouvelle-demande-de-participation-et-de-fin-d-exclusion-absence-d-accessibilite-et-souffrance-des-autistes-prochain-rapport-cdph-onu/
– https://allianceautiste.org/2023/01/disand-informations-accessibilite-pour-autistes-demande-position-absence-accessibilite-politiques-publiques-notre-exclusion/),
ni d’obtenir quelque information que ce soit de la part du CNCPH en dépit de nos diverses demandes patientes et polies ?
(- https://allianceautiste.org/2022/04/cncph-demande-pour-savoir-comment-communiquer-avec-vous/
– https://allianceautiste.org/2023/01/demande-explications-justification-de-notre-exclusion-des-consultations-participations-et-co-constructions-cncph-et-strategie-autisme/)

Il nous semble évident que toutes ces « anomalies » (pour les désigner « respectueusement ») contreviennent gravement aux engagements de la France auprès de l’ONU notamment, et nous ne comprenons pas pourquoi la prise en compte de l’autisme dans les politiques d’accessibilité n’existe pas au moins « sur le papier », ce qui serait un début.
(L’Administration publique de la France n’est pourtant pas malhabile pour célébrer les droits humains et leur application quand il s’agit de ne le faire qu’en théorie : cela ne coûtait pourtant pas grand chose d’inclure les personnes handicapées autistes dans l’accessibilité, et cela aurait représenté un début de quelque chose pour aller vers un semblant d’idée de possible espoir, peut-être.)

 

En revanche, et en attendant de connaître vos explications ou dénégations, nous croyons pouvoir moins mal deviner les mécanismes de notre exclusion, qui semblent s’expliquer précisément par cette cruelle absence de toute politique d’accessibilité pour les autistes.
C’est un cercle vicieux que nous avons signalé « dans le désert », comme toujours en l’absence d’accessibilité (https://allianceautiste.org/2023/01/pr-urgence-relative-au-cercle-vicieux-de-labsence-daccessibilite-pour-les-autistes-en-france/).

 

Après tout, la France arrive à la 26ème place en termes d’Indice de Développement Humain en 2022 selon le PNUD de l’ONU, ce qui pourrait peut-être laisser espérer une sorte de bienveillant infléchissement des refus implicites d’accessibilité pour les autistes dans les politiques publiques de ce pays.

 

De plus, la France se considère comme « le berceau des droits de l’homme » (https://www.hrw.org/fr/news/2020/10/08/la-france-la-traine-au-conseil-des-droits-de-lhomme-des-nations-unies), et les politiciens de ce pays aiment en chanter les louanges et à sermonner les autres pays, donc pourquoi ne pas agrémenter les leçons de quelques exemples, là où c’est le plus important ?
La Constitution suisse rappelle en effet dans son préambule que « la force de la communauté

 

Enfin, la France se hisse à la 22ème place en termes d’indice de démocratie (https://fr.wikipedia.org/wiki/Indice_de_d%C3%A9mocratie) : elle jouit du statut de « démocratie imparfaite », c’est donc bien une démocratie, donc pourquoi tant de refus de participation des organisations de personnes handicapées « qui déplaisent » ?
Est-ce à cause des difficultés de communication handicapantes résultant de l’absence d’accessibilité pour les autistes ?
Et si oui, est-ce que vous savez qu’un tel motif constitue une discrimination préjudiciable sur la base du handicap ?
Dans l’affirmative, pourquoi dès lors l’aggraver par le Mutisme des autorités publiques ?

Dans l’espoir renouvelé « jusqu’à ce que mort s’ensuive » d’obtenir – à défaut de l’accessibilité nécessaire et obligatoire – au moins des informations, des indices ou des orientations pour les connaître, nous vous prions de croire, Mesdames, à l’assurance de notre respectueuse sidération.