Notre « Distinction Fondamentale de l’Autisme »
1/ « Autisme » – 2/ « Troubles » – 3/ « Handicap(s) »
– « Souffrances »
Quand vous mangez une noix vous ne mangez pas la coquille.
Confondre l’autisme et les troubles de l’autisme, c’est généralement ne voir que les troubles,
c’est à dire ne voir que la coquille de la noix et croire qu’elle est immangeable.
1/ L’autisme est une particularité humaine biologique naturelle (comme l’albinisme par exemple) présente au moins dès la naissance, qui fait partie de ce que nous appelons “la biodiversité humaine”.
C’est une composante intrinsèque de notre nature, et elle comporte d’importantes qualités qu’il faut non seulement protéger mais aussi développer (notamment pour l’estime de soi et l’épanouissement personnel sur un “chemin de vie” original – sans parler des bienfaits potentiels pour la société).
Vouloir “supprimer l’autisme” n’a pas plus de sens que de vouloir faire bronzer une personne albinos pour qu’elle ait l’air “normale” (et qu’elle soit moins exclue).
2/ Les difficultés ou les “les troubles” caractéristiques de l’autisme ne sont pas “l’autisme” ; ce sont :
– Soit des “troubles subjectifs”, c’est à dire des différences perçues comme des “déficiences” par les personnes non-autistes alors qu’elles n’en sont pas ou qu’elles ne devraient pas l’être (comme le fait de ne pas s’intéresser aux choses superficielles, de ne “pas savoir mentir”, de préférer rester isolé(e)…) ;
– Soit des problèmes liés aux “atteintes” (incohérences, disharmonies ou non-naturalité) lesquelles peuvent être neurologiques (sensorielles ou mentales) et/ou non-neurologiques (alimentation, substances, exposition à divers facteurs physiques…).
Ces problèmes génèrent des souffrances (qui ne sont pas dues à “l’autisme” mais aux atteintes imposées – même inconsciemment – par les personnes non-autistes et leurs systèmes), qui ne sont pas comprises et qui donc sont ignorées et maintenues, ce qui finit par aboutir à des manifestations physiques et/ou à des crises, seuls éléments visibles, qui sont alors qualifiés de “troubles autistiques” (souvent confondus avec « l’autisme », donc).
(Note : Les “comorbidités” (comme l’épilepsie ou le TDAH) ne sont pas propres à l’autisme.)
Tant que “l’autisme” est confondu avec “les troubles spécifiques à l’autisme”, toute réflexion, approche, politique ou autre à propos d’autisme est vaine.
Cette confusion généralisée et tenace explique la plupart des malentendus et polémiques, et l’approche erronée de l’autisme.
Nous le disons depuis 2015 et nous ne pouvons que le répéter (en expliquant), en espérant que l’idée fasse son chemin. Certains autres commencent à le dire aussi depuis quelques années, mais cela reste isolé et peu audible.
N.B. : Quand on confond autisme et troubles, alors on ne peut plus parler des qualités de l’autisme. Et bien sûr, cela donne fatalement une image négative de l’autisme et des autistes (ce qui favorise l’exclusion, les souffrances, les privations de liberté, les suicides, les auticides etc.)
3/ Enfin, les handicaps autistiques (3) sont les conséquences des difficultés ou troubles (2), qui résultent de problèmes imposés (presque toujours inconsciemment) par l’environnement non-autistique, du fait de l’incompréhension et d’une prise en compte incorrecte de l’autisme (1).
Ceci implique que l’autisme n’est pas la cause directe des handicaps : c’est bien la mauvaise prise en compte de l’autisme par la société qui crée des difficultés et des troubles, lesquels génèrent des handicaps.
Ainsi, dire que “l’autisme est un handicap” est inapproprié : l’autisme entraîne souvent des handicaps (indirectement), lorsque la personne autiste est obligée de se conformer à un “moule social” ou à vivre dans un système social qui n’intègre pas l’autisme correctement.
Dans quelques rares cas, la personne autiste peut parvenir à contourner ou à parfaitement gérer les atteintes, et alors les problèmes en question n’existent pas : les qualités propres à son autisme peuvent alors s’épanouir librement, et ceci prouve à nouveau que confondre l’autisme avec un handicap n’a pas de sens : il faut faire les distinctions nécessaires en la matière.
Nous espérons que le message sera entendu un jour : on invite des personnes autistes, on les écoute poliment sans vraiment les prendre au sérieux, et on continue à “chercher à comprendre l’autisme”, en ignorant les explications sous les yeux, et en continuant à maintenir les atteintes qui font souffrir les autistes, sans même le comprendre ni donc penser à nous demander comment les diminuer…
De toutes façons, le handicap est un fait (la limitation de possibilités dans un environnement) alors que l’autisme n’est pas un fait mais un état ou une particularité : on ne peut pas dire que l’autisme, la cécité ou la surdité sont des handicaps, mais qu’ils entraînent des handicaps dans certaines situations.
Enfin, la CDPH et la loi de 2005 expliquent en substance que le handicap est une limitation dans une interaction :
le handicap ne peut donc pas être en même temps l’un des facteurs (ici, l’autisme) entraînant la limitation, et la limitation elle-même. CQFD.
Très important :
Personne ne « souffre d’autisme » (ou « de l’autisme »), comme personne ne souffre de nanisme, d’albinisme, de trisomie etc.
Les autistes ne souffrent pas de l’autisme, mais principalement des conséquences (c’est à dire les « atteintes », rejets, inadaptations etc.) de l’absence de Prise En Compte Correcte de l’Autisme Partout (c’est à dire dans le système socio-administratif, dans la famille etc.).
Réflexion supplémentaire :
Confondre « l’autisme » avec « les troubles autistiques », c’est un peu comme dire que le fait d’être gaucher c’est le fait d’avoir des difficultés à écrire ou à agir avec la main droite (c’est à dire définir une différence de manière uniquement négative).
Non, le fait d’être gaucher, c’est le fait d’être gaucher, ce n’est pas une déficience ;
et le fait d’être autiste ce n’est pas un « manque de non-autisme ».
On ne dit pas que le fait d’être droitier c’est le fait d’avoir des difficultés à écrire ou à agir de la main gauche.
Si on vit dans un environnement social qui permet d’écrire ou d’agir aussi bien de la main droite que de la main gauche, alors les gauchers ont moins de difficultés.
Si vous avez apprécié ces explications, vous apprécierez aussi celles (plus détaillées) figurant ici : https://autistan.org/fr/9-nos-explications-sur-autisme/