« Atteint d’autisme »

Réponse à une personne disant que son enfant est « atteint d’autisme » (dans un groupe de discussion) :

Bonjour et bienvenue, personne nulle part n’a un enfant « atteint » d’autisme car cela n’existe pas.

1- Personne n’est « atteint » par l’autisme, pas plus que par la trisomie, l’albinisme, le fait d’être gaucher, blanc, noir, ou de mesurer 1m95.
De gens *naissent* autistes, sont autistes, meurent autistes (comme pour les autres particularités naturelles mentionnées ci-dessus).

2- Si on veut maintenant parler des « troubles » spécifiques caractérisant l’autisme (et des difficultés endurées par les autistes – et leurs familles – en l’absence de Prise En Compte Correcte de l’Autisme Partout), on n’en est pas atteint non plus, mais ils peuvent se présenter ou exister, c’est variable et bien sûr il est bon de les réduire, ce qui est tout à fait possible, surtout si on comprend l’autisme un minimum (ce qui est rarement le cas).

3- Les MDPH et la plupart des « professionnels » ne comprennent pas grand chose aux « troubles » autistiques, et encore moins à l’autisme lui-même (vu qu’ils ne distinguent même pas les deux).
Vous pouvez cependant avoir des aides diverses (via la MDPH donc) pour tenter d’améliorer la vie avec ces troubles et difficultés, et pour les réduire, même sans vraiment comprendre.

4- Ce qui nous « atteint », ce n’est pas l’autisme évidemment (qui sert plutôt comme une auto-protection contre les Troubles du Non-Autisme, très nombreux et graves).
Ce qui nous « atteint », ce ne sont même pas les troubles autistiques, ce qui nous « atteint », ce sont, précisément, les « atteintes sensorielles » et les « atteintes mentales » (toutes consistant en des incohérences anti-naturelles) et d’autres atteintes anti-naturelles (alimentaires, environnementales etc) lesquelles nous irritent beaucoup (même inconsciemment) et nous font souffrir.
Ces « atteintes » sont socio-générées. En d’autres termes, nous sommes plutôt « atteints » par les conséquences (souvent absurdes et désastreuses) des Troubles du Non-Autisme, que par les troubles de l’autisme ou encore moins par l’autisme lui-même, qui est une différence biologique naturelle faisant partie de la biodiversité humaine, qui comporte d’importantes qualités, et même une utilité pour l’espèce humaine.

5- La société « normale » ne comprend pas l’autisme parce qu’elle le regarde par le mauvais bout de la lorgnette, avec un regard défectologique, en partant du principe qu’elle a raison (en résumé) et en ne voyant même pas ses propres « troubles » et vices, qui sont légion, très graves, et dangereux (si vous en doutez, regardez les « actualités »).
« Ce n’est pas un signe de bonne santé mentale que d’être bien adapté à une société malade » (Jiddu Krishnamurti).

6- Quelques autistes capables de « faire des ponts » essaient d’expliquer ces choses (chacun à leur manière, selon leur vécu et leur point de vue), mais ils sont généralement *ignorés*…

7- Avec les bons conseils, votre fils peut finir par avoir une vie épanouie, ce qui est très très difficile dans une société qui n’accepte pas l’autisme et la différence en général, et qui n’est PAS DU TOUT ACCESSIBLE aux personnes autistes qu’elle handicape.
(Notre association lutte beaucoup pour demander une telle accessibilité aux pouvoirs publics français, mais nous parlons à des murs, ils sont dans leur « bulle »…)

8- Avec l’approche défectologique de l’autisme (qui commence par confondre l’autisme avec les troubles qui le caractérisent), tout est difficile.
Pour « avancer », il faut mieux comprendre l’autisme et les mécanismes des troubles et difficultés, et pour cela il faut une attitude plus HUMBLE, il faut se déparer de l’illusion de déjà tout savoir, qui précisément empêche d’écouter, d’apprendre et de corriger.
Il faut aussi du COURAGE pour reconnaître ses erreurs.
Et tout cela ne brille pas tellement dans les moeurs françaises, surtout dans les « autorités publiques ».
C’est en grande partie cette attitude de « sachantisme pusillanime » qui explique le fameux « retard de la France », l’autre gros problème étant la mainmise du secteur médico-social sur la gestion publique du handicap, ce qui s’oppose à une vision inclusive, à l’accessibilité dans la société ordinaire, et ce qui aussi entretient la stigmatisation, par le simple fait que les gens ne sont pas habitués à voir des handis et à vivre avec, donc il y a inadaptations.
Dans des pays « moins sophistiqués et arrogants », les autistes souffrent beaucoup moins.

C’est la France.

Bon courage.
AllianceAutiste.org