Lutte contre la « Confusion Autisme-Troubles » : notre « Distinction Fondamentale de l’Autisme »
0/ Introduction
- Avec l’autisme comme avec beaucoup de choses, il y a des qualités et des défauts, des bons côtés et des mauvais côtés (dont par ailleurs l’appréciation est parfois une question de point de vue).
- Pour mieux comprendre les « qualités de l’autisme« , voir ce document :
- chapitre 1.1.2. « Caractéristiques mentales, sensorielles et comportementales de l’Autisme (description sans approche défectologique) ».
- chapitre 8.2. « Les Qualités de l’Autisme découlant de la Nature Autistique ».
- Il est absurde de réduire l’autisme uniquement aux « mauvais côtés » de l’autisme, en considérant que « l’autisme » = « les troubles de l’autisme ».
(Et même grammaticalement, c’est absurde.)
- Pour mieux comprendre les « qualités de l’autisme« , voir ce document :
-
- Quand vous mangez une noix, vous ne mangez pas la coquille.
Confondre l’autisme et les troubles de l’autisme, c’est généralement ne voir que les troubles, c’est à dire ne voir que la coquille d’une noix fermée, et croire qu’elle est immangeable. - L’autisme n’est pas un handicap, l’autisme est caractérisé notamment par des « troubles » et difficultés spécifiques qui, dans un environnement social dépourvu de Prise En Compte Correcte de l’Autisme, entraînent très souvent des handicaps (c’est à dire des empêchements désavantageux).
- Ces difficultés et handicaps propres à l’autisme résultent des conséquences des « Troubles du Non-Autisme » (défauts dont plus on est autiste et moins on est pourvu), c’est à dire les « Atteintes socio-générées » (sensorielles, mentales, ou autres), ce qui est difficile à comprendre pour la plupart des Personnes Non-Autistes à cause du fonctionnement non-autistique standard, diamétralement opposé (approximation-confusion vs. « détaillisme », artificialité vs. naturalité, illusion vs. vérité, etc.)
- Confondre l’autisme avec les troubles qui le caractérisent empêche de voir les qualités de l’autisme, et enferme les personnes autistes dans une sorte d’ « ambiance de défectuosité », ce qui rend impossible l’accès à l’estime de soi, l’égalité, la dignité et l’épanouissement.
- Pour une analyse détaillée complète, voir ce document.
- Quand vous mangez une noix, vous ne mangez pas la coquille.
1/ L’autisme
« L’autisme » est une particularité humaine biologique naturelle (comme l’albinisme par exemple) présente au moins dès la naissance, qui fait partie de ce que nous appelons “la biodiversité humaine”.
C’est une composante intrinsèque de notre nature, et elle comporte d’importantes qualités qu’il faut non seulement protéger mais aussi développer (notamment pour l’estime de soi et l’épanouissement personnel sur un “chemin de vie” original – sans parler des bienfaits potentiels pour la société).
Vouloir “supprimer l’autisme” n’a pas plus de sens que de vouloir faire bronzer une personne albinos pour qu’elle ait l’air “normale” (et qu’elle soit moins exclue).
2/ Les troubles de l’autisme
Les difficultés et les “les troubles” spécifiques qui caractérisent l’autisme ne sont pas “l’autisme” ; ce sont :
– Soit des “troubles subjectifs”, c’est à dire des différences perçues comme des “déficiences” par les personnes non-autistes alors qu’elles n’en sont pas ou qu’elles ne devraient pas l’être (comme le fait de ne pas s’intéresser aux choses superficielles, de ne “pas savoir mentir”, de préférer rester isolé(e)…) ;
– Soit des problèmes liés aux “atteintes” (incohérences, disharmonies ou non-naturalité) lesquelles peuvent être neurologiques (sensorielles ou mentales) et/ou non-neurologiques (alimentation, substances, exposition à divers facteurs physiques…).
Ces problèmes génèrent des souffrances (qui ne sont pas dues à “l’autisme” mais aux atteintes imposées – même inconsciemment – par les personnes non-autistes et leurs systèmes), qui ne sont pas comprises et qui donc sont ignorées et maintenues, ce qui finit par aboutir à des manifestations physiques et/ou à des crises, seuls éléments visibles, qui sont alors qualifiés de “troubles autistiques” (souvent confondus avec « l’autisme », donc).
(Note : Les “comorbidités” (comme l’épilepsie ou le TDAH) ne sont pas propres à l’autisme.)
2.1/ Une confusion qui ruine tout
Tant que “l’autisme” est confondu avec “les troubles spécifiques à l’autisme”, toute réflexion, approche, politique ou autre à propos d’autisme est vaine.
Cette confusion généralisée et tenace explique la plupart des malentendus et polémiques, et l’approche erronée de l’autisme.
Nous le disons depuis 2015 et nous ne pouvons que le répéter (en expliquant), en espérant que l’idée fasse son chemin. Certains autres commencent à le dire aussi depuis quelques années, mais cela reste isolé et peu audible.
N.B. : Quand on confond autisme et troubles, alors on ne peut plus parler des qualités de l’autisme. Et bien sûr, cela donne fatalement une image négative de l’autisme et des autistes (ce qui favorise l’exclusion, les souffrances, les privations de liberté, les suicides, les auticides etc.)
2.2/ Reconnaissance et corrections par la Délégation Interministérielle Autisme
Comme on le voit dans le courriel suivant, les autorités publiques françaises compétentes ont elles-mêmes reconnu que nous avons raison sur la « distinction autisme / troubles », et – mieux encore – elles ont commencé à CORRIGER leurs pages.
Or l’Administration française a horreur de reconnaître ses torts (et elle ne nous aime pas particulièrement) ; elle n’admet ses erreurs et elle ne se corrige que quand elle ne peut vraiment pas faire autrement.
Ceci montre que ce sujet est VRAIMENT IMPORTANT.
De : GIRARD Mylene <mylene.girard@pm.gouv.fr>
Date: jeu. 5 mai 2022 à 14:56
Subject: RE: 1/ Communication etc. – 2/ Participation – 3/ Accessibilité – 4/ DdD – 5/ « mission confiée à Vivre FM / ANPHI »
To: Alliance Autiste <contact@allianceautiste.org>
Bonjour,
Ce message rapide juste pour vous rassurer : je ne suis pas vexée, je ne suis pas sur la défensive, je considère ce que vous dites et nous avons très bien compris la différence entre trouble et autisme et d’ailleurs les ajustements que vous avez repérés sont directement liés à vos explications sur ce sujet (celles que vous avez envoyées avant l’audition ONU). S’il y a parfois des erreurs qui persistent, c’est aussi parce que la quantité des productions à reprendre est colossale et nous sommes une toute petite équipe.
Sur les autres points, je reviendrai vers vous comme je vous l’ai dit.
Cordialement,
Mylène Girard
Secrétaire générale
[Délégation Interministérielle à la Stratégie Autisme et TND]
Localisation : 18, Place des Cinq Martyrs du Lycée Buffon, 75014 PARIS
Adresse postale : 14, Avenue Duquesne, 75350 PARIS Cedex 07
www.handicap.gouv.fr
2.3/ Comparaison avec la « sinistralité »
- « Sinistralité » est le terme médical pour le fait d’être gaucher (alors que ça n’a rien de « médical »).
Dans le passé, les gauchers étaient stigmatisés et « le système normal » essayait de les « corriger », en vain évidemment (exactement comme pour les autistes) :
« (…) D’autant plus que la sinistralité se trouve marquée du signe le plus caractéristique d’une origine congénitale : à savoir la persistance indéfinie de ses manifestations. Car, il faut qu’on le sache, la gaucherie véritable résiste avec une invincible opiniâtreté à toute tentative d’éradication. — (Revue de Belgique, tome 99, 1901, p. 234) »
- De nos jours, il est « normal » d’être gaucher, et on ne dit plus que les gauchers sont « atteints de sinistralité ».
Il faut espérer qu’il en sera de même avec les autistes quand les mentalités auront enfin évolué… - De plus, confondre « l’autisme » avec « les troubles autistiques », c’est un peu comme dire que le fait d’être gaucher c’est le fait d’avoir des difficultés à écrire ou à agir avec la main droite (c’est à dire définir une différence de manière uniquement négative).
Non, le fait d’être gaucher, c’est le fait d’être gaucher, ce n’est pas une déficience ;
et le fait d’être autiste ce n’est pas un « manque de non-autisme ».
On ne dit pas que le fait d’être droitier c’est le fait d’avoir des difficultés à écrire ou à agir de la main gauche.
Si on vit dans un environnement social qui permet d’écrire ou d’agir aussi bien de la main droite que de la main gauche, alors les gauchers n’ont pas de difficultés.
3/ Les handicaps
Enfin, les handicaps autistiques (3) sont les conséquences des difficultés ou troubles (2), qui résultent de problèmes imposés (presque toujours inconsciemment) par l’environnement non-autistique, du fait de l’incompréhension et d’une prise en compte incorrecte de l’autisme (1).
Ceci implique que l’autisme n’est pas la cause directe des handicaps : c’est bien la mauvaise prise en compte de l’autisme par la société qui crée des difficultés et des troubles, lesquels génèrent des handicaps.
Ainsi, dire que “l’autisme est un handicap” est inapproprié : l’autisme entraîne souvent des handicaps (indirectement), lorsque la personne autiste est obligée de se conformer à un “moule social” ou à vivre dans un système social qui n’intègre pas l’autisme correctement.
Dans quelques rares cas, la personne autiste peut parvenir à contourner ou à parfaitement gérer les atteintes, et alors les problèmes en question n’existent pas : les qualités propres à son autisme peuvent alors s’épanouir librement, et ceci prouve à nouveau que confondre l’autisme avec un handicap n’a pas de sens : il faut faire les distinctions nécessaires en la matière.
Nous espérons que le message sera entendu un jour : on invite des personnes autistes, on les écoute poliment sans vraiment les prendre au sérieux, et on continue à “chercher à comprendre l’autisme”, en ignorant les explications sous les yeux, et en continuant à maintenir les atteintes qui font souffrir les autistes, sans même le comprendre ni donc penser à nous demander comment les diminuer…
De toutes façons, le handicap est un fait (la limitation de possibilités dans un environnement) alors que l’autisme n’est pas un fait mais un état ou une particularité : on ne peut pas dire que l’autisme, la cécité ou la surdité sont des handicaps, mais qu’ils entraînent des handicaps dans certaines situations.
Enfin, la CDPH et la loi de 2005 expliquent en substance que le handicap est une limitation dans une interaction :
le handicap ne peut donc pas être en même temps l’un des facteurs (ici, l’autisme) entraînant la limitation, et la limitation elle-même. CQFD.
4/ Les « souffrances »
Très important : Personne ne « souffre d’autisme » (ou « de l’autisme »), comme personne ne souffre de nanisme, d’albinisme, de trisomie etc.
Les autistes ne souffrent pas de l’autisme, mais principalement des conséquences (c’est à dire les « atteintes socio-générées sensorielles, mentales ou autres », les rejets, inadaptations etc.) de l’absence de Prise En Compte Correcte de l’Autisme Partout (c’est à dire dans le système socio-administratif, dans la famille etc.).
5/ « Atteint d’autisme »
Voir nos explications sur l’expression erronée « Etre atteint d’autisme ».